Le Conseil suisse des religions s’oppose à la manipulation de la religion à des fins politiques et à la remise en question de la norme pénale antiracisme.
L’intégration de personnes issues d’autres cultures et adeptes d’autres religions est une tâche difficile pour notre société. Mais les membres du Conseil suisse des religions, réunis pour leur seconde séance le 24 novembre dernier à Berne, ont rappelé que cette intégration doit viser à la construction d’une société empreinte d’attention et de respect mutuels.
Le Conseil est très préoccupé par les récentes tentatives de manipulation de la religion à des fins de tactique électorale, qui sont une manière irréfléchie de tirer profit du sentiment d’insécurité de la population pour une propagande de parti. Il faut un débat public sur des questions telles que la construction de minarets ou la mise en place de carrés confessionnels dans les cimetières. Mais une solution consistant à priver telle ou telle communauté religieuse des libertés protégées par la constitution (par exemple par une initiative contre la construction de minarets) n’a pas sa place dans un État de droit.
Par ailleurs, les tentatives visant à discréditer la norme pénale antiracisme, voire à l’abolir, sont déplacées. Car l’injustice bafouant les droits de l’homme commence toujours par la relativisation ou la négation des victimes de violence, qu’elle soit étatique, ethnique ou religieuse. Le Conseil des religions affirme que la norme pénale antiracisme, telle qu’elle a été adoptée en 1994 par le peuple suisse, protège le plus précieux des biens dont le droit ait la charge : la dignité humaine. Le Conseil suisse des religions admet que dans certains cas précis, l’application de la norme pénale antiracisme peut être problématique. Mais il est possible de trouver des solutions à ces problèmes. Loin de restreindre la liberté d’expression, cette norme pénale constitue le fondement d’un État de droit humain et démocratique.